Fibromyalgie

Maladie insidieuse d’une nouvelle génération,

Tu n’avais pas de nom que pour de simples raisons,

Personne ne pouvait en comprendre le fond

Et pour te donner enfin un bien simple nom

On t’appellera fibrosite (1904) puis fibromyalgie

Pour l’apprivoiser, je l’ai surnommée «la Chieuse»

Elle est apparue dans ma vie comme une emmerdeuse

Je n’avais rien demandé, rien commandé, rien prié

Elle a tout chamboulé, tout piétiné et m’a foudroyée

Fibromyalgie du mystère

Pour te fuir et te semer, plus vite j’ai couru

Mais tu gagnes du terrain aussi vite, sans retenue

Tu as volé ma joie de vivre et pris mon énergie

Accaparé mon sommeil et les jours de ma vie

Fibromyalgie de l’incompréhension

Personne ne te comprend, tu déroutes et désobéi

A toutes les lois et les sciences du monde médical

Te croyant maître du jeu, invincible, inattaquable

Sans signes apparents, bien qu’évidents, tu détruis

Fibromyalgie, entité clinique à part entière,

Que tant et tant voudrait faire taire

Reconnue mais volontairement ignorée

Notre lutte est constante et obstinée

Fibromyalgie de l’inconscient ou du subconscient

Tu surviens après un choc physique ou émotionnel

D ‘un passé enfoui ou oublié, d’un présent trop frêle

Tu fais parler un corps que l’on voudrait faire taire,

Tu investis un lieu que l’on ne veut pas reconnaître

Fibromyalgie de tous les jours

Avec toi, c’est fatigue incontrôlée et épuisante

C’est souffrance et douleur permanente

C’est migraine aveuglante et fulgurante

C’est remise en question de chaque instant

Faut te vivre au quotidien, pour t’entendre

Faut t’accepter pour t’écouter et comprendre

Faut te regarder bien en face pour te combattre

Et réapprendre à vivre une vie pour t’abattre

Avec toi, les soucis, les ennuis sont à proscrire

Le stress, l’inquiétude, le bruit sont à fuir

La pluie, le vent, le froid, l’humidité à éviter

Debout, assise ou couchée, jamais bien installée

Chaque jour est un jour que l’on sait sans couleur

Chaque heure qui passe est une heure sans saveur

Et toujours, malgré tout, trouver un peu de douceur

Dans ces mois et années qui défilent au rythme des douleurs

C’est aussi les projets et les souhaits brisés

La mémoire, la faculté et l’intellect défigurés

C’est une sensibilité et une émotivité mises à vif

Qui, avec générosité, patience et indulgence, se marient

Avec l’entourage et les amis, rien n’est simple, ni facile

Faut-il encore qu’ils en acceptent les sautes d’humeur et la fatigue

Rien ne se voit, rien ne s’entend, si ce n’est ce visage épuisé

Ou ce regard vidé, ces mains gonflées ou ce corps harassé

Fibromyalgie, sans toi, j’étais une autre, j’étais moi

Je ne sais pas quand tu disparaîtras et avec toi

Je ne fais plus aucun projet pour l’avenir

J’ai peur de mon «devenir»

Tu ne seras jamais mon «amie»

Mais avec toi je poursuis ma vie.